Cité Bruno – Voyage d’étude Bassin minier

LA CITÉ BRUNO Á DOURGES

Par Laurent COUDROY DE LILLE, maître de conférences à l’Institut
d’urbanisme de Paris

Après de passionnantes explications données dans le car par Catherine Bertram (mission Bassin minier), nous retrouvons Edmond Oszczak (Responsable du Pôle Culture, Animation, Communication, de la Ville de Dourges) devant la Salle Bruno, à la cité du même nom. Nous sommes rejoints par Tony Franconville, maire de Dourges, commune de 6000 habitants, dans la Communauté d’agglomération d’Hénin-Carvin (127.000 hts).

Nous visitons d’abord la Cité ancienne, construite par la Compagnie de mines de Dourges, entre 1904 et 1908, première cité-jardins du Bassin minier, mais aussi d’Europe continentale, dans une région proche de l’Angleterre. Si son style architectural est marqué du néo-régionalisme caractéristique de l’avant-guerre, la présence d’équipements collectifs (salle de fêtes, église, école à proximité), la typologie et qualité des maisons, la présence de jardins individuels et l’organisation du quartier sont en rupture très claire avec les cités patronales et corons hérités su siècle précédent. Cependant, tout rappelle le rôle de la société minière, des classiques locaux à charbon attenants aux maisons au peuplement lui-même, marqué par l’installation d’une communauté ouvrière d’origine polonaise en provenance de la Ruhr charbonnière où ces familles s’étaient installés une génération plus tôt. Nommée du prénom de Bruno de Boisgélin, administrateur de la Compagnie de Dourges, elle fut aussi connue comme « Cité polonaise ». Edmond Oszczak, appartenant à cette communauté encore bien vivante, nous explique qu’en 1925, quand on double la superficie de la cité, une deuxième vague d’immigration est venue directement de Pologne désormais indépendante et alliée de la France. Ces ouvriers apprendront le métier de la mine à Dourges, et au contact de leurs prédécesseurs. 1925 est aussi la date de réalisation de l’emblème artistique de Dourges : l’autel en bois réalisé par un artiste polonais pour l’exposition des Arts Décoratifs de Paris, et donnée par l’Etat pour l’église l’Eglise Saint-Stanislas. A travers la géométrie des formes, les références aux traditions et croyances polonaises sont explicites, tout comme le reste du décor de cette église art déco flanquée de son presbytère, cet ensemble architectural méritant restauration.

 

 

Publié le 12 juin 2024

Après la Seconde guerre, au temps des Charbonnages de France, la cité devient propriété de Maisons et Cités.  Ayant subi certaines atteintes au point d’être menacée de démolition, l’ensemble de la cité est finalement réhabilité (2009-2012), comme l’un des 5 quartiers pilote du Bassin en vue de l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO (2012). C’est aussi le moment où l’Unesco met en place la pratique du Plan de gestion pour ses labellisations. Circulation, cheminements piétons, traitement de la nature en ville, logements mieux isolés, plus lumineux et confortables, restructurés pour certains, et récupération des décors d’origine. Par sa position centrale à mi-chemin entre Lens et Douai et près d’Oignies (origine et fin de l’exploitation minière), sa mémoire migratoire, la Cité Bruno est un haut lieu du Bassin. Elle est également réputée et visitée, pour l’intégration et traitement des eaux de pluie dans sa requalification.

Raphaël Alessandri (Architecte urbaniste Directeur d’études, Mission Bassin Minier), qui a participé à cette mise en valeur, nous accompagnera dans la suite de la visite, nous donnant d’autres éléments pour apprécier le rôle emblématique de cette réalisation dans la requalification de tout le Bassin.

 

Pour en savoir plus :

  • https://www.dourges.fr/article_88_1_la-cite-bruno_fr.html